vendredi 16 février 2007

La capoeira

LA CAPOEIRA EST UNE DANSE, UNE LUTTE, UN JEU

La Capoeira est l’un des aspects les plus fascinants de la culture brésilienne. Le capoeiriste est à la fois un athlète, un danseur, un acrobate, un farceur, un comédien et un musicien. D’un point de vue historique, cela s’explique par l’extraordinaire rencontre (contrainte forcée ) entre les différentes cultures africaines sur le territoire du Brésil durant trois cents années d’esclavage. Venu d’Afrique avec leurs danses, leurs rituels, leurs fêtes et leurs chants, les esclaves ont fini par créer un rituel unique, lié à leur condition au Brésil : La CAPOEIRA.

Sous sa forme dansée, chantée et inoffensive aux yeux des maîtres et des surveillants, ce rituel était en réalité une véritable préparation au combat. Combat contre les oppresseurs pour leur liberté. Combat des plus faibles et des plus démunis contre les plus forts.



Longtemps interdite et réprimée, même après l’abolition de l’esclavage, la Capoeira ne sera autorisé par le gouvernement brésilien qu’en 1937. Elle sera enfin reconnue pour sa valeur culturelle, éducative, créative et artistique.

Elle est à présent enseigné et pratiquée, non seulement dans les écoles et dans la rue, mais aussi dans les universités, les ateliers de théâtre et de danse contemporaine, les écoles de cirque et les centres de sport au Brésil, aux Etats Unis, et depuis quelques années en Europe.Comme nous le verrons, la Capoeira dans sa forme ne ressemble à aucune autre danse, ni à aucun autre art de combat. Elle est l’art de lutter dans la danse et de danser dans la lutte. Enfin elle est un jeu.

LA CAPOEIRA EST UN RITUEL
Un rituel d’une grande beauté. Les mouvements des Capoeiriste sont ceux des animaux. Macaques, reptiles ou félins, ils évoluent indifféremment debout ou renversé, à quatre pattes ou bien complètement allongées, prêts à bondir dans les airs ou sur leur proie. Ils sont soutenus autour par les rythmes de percussions, les chants et les frappes de mains des autres capoeiriste. Ces derniers, en attendant leur tour, se forment en cercle et "chauffent " le jeu avant de se lancer dedans. C’est la " RODA ".

UN ESPACE CIRCULAIRE
A l’intérieur de ce cercle c’est l’aire de jeu, le lieu de la danse, le lieu de la lutte. C’est ici que l’on se montre aux autres, que l’on s ‘expose aux risques, que l’on improvise des personnages, que l’on établit un dialogue corporel avec son partenaire (ou adversaire).


Autour les danseurs forment la RODA. Ils rythment le jeu pour se donner de l’énergie ou en donner aux autres. Les percussions augmentent ou réduisent la cadence, les chants envoient des messages, des avertissements ou des conseils, commentent le jeu ou racontent les histoires légendaires de la Capoeira.
La qualité du jeu dépend de la qualité du rythme et des chœurs autour. Ils sont indissociables.

AU CENTRE IL Y A LE JEU
Il a comme tous les jeux, ses traditions, ses règles, ses codes pour entrer dans le cercle, pour s’arrêter ou reprendre. Par contre lorsqu'on est au centre, face à son partenaire il s’agit de ne pas se tromper. Tout peut aller très vite. Même si le rythme est lent. Etre au centre, c’est être seul dans une expérience qui ne va pas se répéter. Si une pensée traverse l’esprit, elle peut gêner les réflexes du corps. Etre au centre, c’est être totalement présent et "invisible ".

LE TEMPS D’UN DIALOGUE ET D’UNE IMPROVISATION
Etre au cœur du rituel et faire un "beau jeu ", c’est engager le dialogue avec son partenaire en utilisant tous les recours que l’on a à sa portée pour le tromper et l’emmener au piège. Nous avons vu que c’était la lutte du plus faible contre le plus fort, donc pas besoin d’être un athlète ou un acrobate pour jouer la Capoeira. Un sourire, un geste malicieux, un cri, une douleur déguisée, un coup portée ou un coup reçu et ou une esquive bien placée sont souvent plus utiles pour mener le jeu où on veut.



Le temps du jeu c’est le temps d’entrer, d’établir la relation avec son partenaire, d’être attentif et à l’écoute de son énergie corporelle, (sa rapidité ou sa lenteur, son niveau d’agressivité, ses capacités de ruse, de stratégie, son agilité, son humour...).
Ici aussi, comme au théâtre ou en danse la qualité d’écoute fera que le jeu sera "bon ou mauvais ", "vrai au faux ".


" Tomber dans le piège " n’est pas douloureux dans le Capoeira puisque le principe est de ne pas se toucher, de rester fluide l’un par rapport à l’autre et d’arrêter le mouvement avant de se faire obstacle
.A la fin, personne ne gagne ou ne perd. On se sert la main et on s’arrête là.


DIALOGUE CORPOREL ET IMPROVISATION
Entrer dans la " roda "
C’est entrer dans le dialogue, savoir se positionner dans l’espace et d’être parfaitement à l’écoute de son partenaire.
L’improvisation.
Il y a improvisation en Capoeira parce que le jeu est une situation toujours nouvelle et toujours unique : On est amené à donner des réponses motrices toujours variables et adaptées.
Le dialogue.
Exploitation de tous les dialogues possibles par le biais d’exercices ou sans intervention rationnelle.

Exemples d’exercices :
Dialogue avec une seule partie du corps. Le côté gauche ou le côté droit, la tête ou le thorax, les bras ou les jambes.
Dialogues lents ou rapides, ou niveau du sol ou en hauteur en fonction de la musique et du partenaire.
La théâtralité du dialogue, avec l’utilisation des sentiments et de l’émotion qu’inspire le jeu : rage, humour, sérénité, honte, excitation, séduction...
L’application de la malice et de la "mandiga ".
Suassuna and Marcelo (Caveirinha)
LA RODA
Application du rituel de la Capoeira chaque jour dans toute sa tradition,
c’est-à-dire : JOUER.

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